lundi 16 janvier 2012

"Grand prix - Arrow emblem no taka"


  
 
    "Grand prix - Arrow emblem no taka" ;  "Hawk of Grand Prix" ; "Super Grand Prix" ; "Formule 1" "Grand Prix - El Halcon de las Pistas" ; "Grand Prix e il campionissimo" ; "الجائزة الكبرى"... autant de versions, suivant les pays où cette série fût diffusée ou encore commercialisée*, témoignent du succès des aventures de Takaya Todoroki, pilote des années 70 qui rêvait de gagner son 1er GP de F1.
 
 
 

 

 
C'est aussi, parmi tous les animes traitant du thème de la course automobile, le seul qui ait en commun avec Michel Vaillant (la BD, et non le dessin animé US) le fait de se dérouler dans l'univers authentique du sport automobile, avec les vrais pilotes, écuries, circuits et compétitions de l'époque.
 
 
 
Même le légendaire Niki Lauda y joue un des rôles principaux au côté de Takaya! celui de son mentor et ami. D'ailleurs, il est évident que le retour miraculeux du champion autrichien après son grave accident au Nürburgring en 1976 a été une source d'inspiration pour le(s) scénariste(s), puisque Takaya devait faire face à la même épreuve durant les tous premiers épisodes. 
 

  D'autres pilotes tels que Brambilla, Andretti, Fittipaldi, Reutmann, Hunt... font partie du "casting" ( même si dans certaines versions, les noms de certains sont volontairement écorchés pour une raison qui m'échappe ).  
 
 

  Un autre élément qui a semblé avoir fasciné les créateurs de cet anime au point de titiller leur imagination, c'est la fameuse Tyrrell P34 à 6 roues, ainsi que les divers projets dans le même esprit qui ont pullulé en ce temps là chez les ingénieurs de la F1 et qui coïncidaient avec l'organisation des tous premiers Grand Prix du Japon en 1976 et 1977.
 
 
 
 Takaya Todoroki s'inspirait justement de la création révolutionnaire de l'ingénieur de Tyrrell à l'époque, Derek Gardner, pour construire une voiture de rallye à 6 roues (il y est question d'avantages en terme de motricité plutôt que d'aérodynamique), et va même plus loin en réalisant avec l'aide de son team, une F1 à 8 roues 😮, poussant la logique de cette solution révolutionnaire dans ses ultimes  retranchements. Ce qui n'alla pas sans moult soucis techniques et des développements scénaristiques intéressants.
Comment rester indifférent à un tel scénario ?
 

  En tous cas, cet anime restait assez fidèle à l'histoire pour permettre à tout vrai fan de course et de F1 de facilement situer le contexte des événements ( 1977 - 1978 ).

  La série comprend 44 épisodes, mais seuls les 27 (ou 31 premiers, si on veut bien fermer les yeux sur certains détails) respectent l'authenticité historique du sport automobile. 
Par la suite, ça part en vrille avec la création fictive d'un nouveau championnat du monde en 1978 appelé "Formula 0" censé remplacer la F1, avec un règlement plus libéral. C'est alors une armada d'énormes monoplaces hideuses qui font leur apparition, toutes équipées de 6 à 8 roues, à cockpits fermés et propulsées par des moteurs à turbine au sifflement désagréable. Ce fût l'occasion pour mettre en scène sur écran un duel sportif Est/Ouest entre les soviétiques et les USA aux travers d'écuries 100 % nationales. Las japonais avaient de l'avance sur Stalonne et son Rocky...

  Ce DA reste malgré tout une référence dans le genre qui nous intéresse. le sérieux avec lequel est abordé le sujet, le scénario, la "mise en scène", le rythme bien maîtrisé qui ne souffre d'aucune longueur contrairement à d'autres productions plus récentes, et surtout la musique ( un des atouts maîtres des anime de l'époque )... tout les ingrédients étaient réunis pour en faire une œuvre passionnante et émouvante. De plus, les autres thèmes abordés s’intègrent parfaitement dans la trame dramatique sans donner l'impression de servir d'artifice pour captiver l'attention du téléspectateur. Ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas un instant. 
 
 Cette œuvre a cependant pris beaucoup de rides avec le temps. Impossible de ne pas être déçu quand on la revoit une fois adulte surtout après l'évolution qu'ont connu les médias et les dessins animés en particulier. Dans son ensemble, elle est affublée de défauts caractéristiques des animes des années 70. A commencer par le dessin. Sur ce point, c'était même un petit peu en dessous de la moyenne pour l'époque. Ce qui est impardonnable pour des histoires qui s'inspirent d'événements, de lieux et de personnages réels. Car le réalisme en souffre du coup. Souvent par exemple, on a du mal à distinguer les F1 version 1977 des grossières miniatures en plastique bon marché qui se vendaient beaucoup à l'époque.
 

Ci-dessus (et en bas) par contre, c'est un ensemble de miniatures reproduisant les voitures de la série. Une quantité de jouets et produits dérivés ont été commercialisés à l'époque comme c'était d'ailleurs le cas pour beaucoup d'anime japonais.
 
 
 
  L'animation et la dynamique des scènes automobile quant à elles, souvent très approximatives, gâchent le plaisir. Parfois, on a l'impression que le travail est plus que bâclé, à se demander si c'était la même équipe qui s'occupait de tous les épisodes. La qualité allant même en baissant au fur et à mesure que ces derniers s’égrenaient. Seuls ceux ayant pour cadre le GP du Japon semblaient avoir bénéficié d'une attention légèrement supérieure à la moyenne! Ce qui se comprend, mais démontre aussi un manque de professionnalisme. pourtant, la série était produite par la TOEI, qui était tout sauf une équipe d'amateurs. Question d'économies sûrement...
 

  D'autres défauts rédhibitoires sautent aux yeux du spectateur averti. Justement, les approximations en la matière sont légion, et font grincer les dents. Je n'en dresserai pas une liste, d'autant plus qu'elles se situent à plus d'un niveau (scénario, dessins, couleurs, faux-raccords...). Celles qui m'ont le plus irrité, sont à relever surtout dans les épisodes des 24h du Mans, et celui du GP d’Italie (le pire des 31 premiers épisodes, les seuls qui nous intéressent ici). 
 
  Commençons par le Grand Prix d'Italie à Monza. Le moins que l'on puisse dire est que les tifosi et la presse italienne y sont dépeints sous un jour vraiment peu glorieux. C'est même insultant, quoique, vu la réputation de ces derniers, le contexte de l'époque, et le gouffre qui sépare les 2 cultures, on peut trouver des excuses à l'usage maladroit des clichés au sujet des italiens et des Tifosi en particulier. Je me demande à quel point les doubleurs transalpins ont pris sur eux pour boucler cet épisode sans perdre leur sang froid... épisode dont le dénouement est d'ailleurs tout sauf crédible. 

 Si les producteurs japonais semblaient avoir une dent contre les italiens (pourtant, parmi leurs premiers clients, allez comprendre!), les français n'étaient pas pour autant épargnés, mais d'une toute autre manière. A commencer par les 24 heures du Mans, où le dessin atteint vraiment le fond. Le pire, c'est que le circuit n'a rien à voir, mais alors absolument rien, avec celui de la Sarthe. On ne le reconnaît sur aucun plan, à un moment donné on s'aperçoit même que les stands sont du mauvais côté de la piste ! et si certaines voitures restent plus ou moins reconnaissables, d'autres modèles semblent plus appartenir à la catégorie Batmobile qu'au groupe 6 ou 5
 
  Avant de quitter la France, un mot sur le pauvre tracé de Dijon malmené par les dessinateurs. Le travail graphique, notamment le relief du circuit, est franchement médiocre sur cet épisode. Le plus drôle c'est quand on aperçoit une passerelle style "Dunlop" sur laquelle est annoncé : "Le Grand prix de Français" 😂!!! oui, vous avez bien lu! 😄 Vous pouvez vérifier ci-dessous



  Toujours au sujet des anomalies concernant les circuits : on se souvient que le GP d'Espagne n'eut plus lieu à Barcelone depuis l'accident dramatique de 1975. Cependant, dans l'épisode en question, c'est le plan du tracé  de Montjuich qu'on nous présentait comme cadre pour le GP de 1977 - qui eu lieu en fait à Jarama - circuit dont ils évoquent d'ailleurs le nom. 
Et comme si ça ne suffisait pas, il fût manifeste qu'une fois les personnages de notre histoire arrivés sur place, ils avaient affaire au circuit Catalan (on y évoque d'ailleurs clairement le problème de la pose de rails défectueux auquel on fît réellement face en 75 à Montjuich). De plus, le décor boisé rappelle bien ce parc, et non l'autodrome madrilène. 
Comme pour enfoncer le clou, à l'entrée du circuit, on voit un panneau avec, inscrit dessus, le nom de ce dernier, mais retranscrit phonétiquement, suivant l'accent andalous, à savoir: "Harama"!!! ... Ay, caramba! 😆 
 

  Un ou 2 autres exemples d'anomalies inexcusables: Non seulement Takaya pilote sa F1 souvent le col de la combinaison ouvert, mais en plus il lui arrive parfois de sauter dans le cockpit et de démarrer en trombe en moins d'une demi-seconde... et en tournant une clé de contact 😋! pire: le tout sans même avoir pris la peine de serrer sa ceinture! comme au bon vieux temps des années 50-60.
Le hic, c'est que les fois où il se rappelle de mettre celle-ci, le téléspectateur averti découvre horrifié que c'est une banale ceinture de sécurité de berline, en diagonale, et non de compétition à 5 points. Mais bien-sûr, les enfants que nous étions n'y voyaient le plus souvent que du feu.

  Pour les défauts, je m'arrêterais ici. Si vous souhaitez aller plus loin, voici le site, (ici la suite) d'un internaute qui s'est amusé à compiler tous les défauts et anomalies possibles de la série: Malgré sa longueur, je suis certain que sa liste n'est pas exhaustive. Mais attention, c'est en italien ! (Si vous ne maîtrisez pas la langue de Dante, il suffit de saisir le texte et de le faire traduire sur Google Translate).
 
 

   Bref, qu'elles que soient ses lacunes, Il n'en demeure pas moins que ce dessin animé reste le plus passionnant, le plus fidèle à l'esprit du sport automobile, et le plus à même de transmettre l'émotion de la course. Il faut reconnaître aussi que la musique y est pour beaucoup.
 
 

Je vous laisse donc apprécier les extraits en différentes langues.

* les 1ers épisodes réunis sous forme de film en VHS, puis bien plus tard toute la série sur DVD en Italie et au Japon. 


Opening VO :



...et version française :




Intro de la version espagnole :



La version en anglais ( la bande son américaine est totalement changée. Une bonne partie de l'âme de cette œuvre s'en est allé avec ):



 
Intro et générique de fin de la version libanaise:











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