Si
 Michel Vaillant bénéficie d'une réputation planétaire, ce n'est pas le 
cas de son homologue Alain Chevallier. 
 Pourtant, les 2 pilotes de BD 
franco-belge les plus célèbres ont évolué dans le même univers et à la même époque, sans se 
côtoyer cependant (les crossover étant rares dans la BD franco-belge). Il n'est donc pas étonnant de leur trouver des points communs, malgré des différences fondamentales. 
 C'est vrai que leurs aventures ont pour cadre le vrai monde du sport 
automobile, et que les 2 sont constructeurs de leurs propres voitures de
 course et de voitures de sport (enfin, pour Vaillant, c'est sa famille), leurs montures et leurs productions respectives sont toujours à 
l'avant garde du design et de     la technologie de leur époque, ils ont
 chacun de son côté une "connexion" quelque part avec les USA (ce qui 
était un peu à la mode dans la BD francophone!), sans oublier qu'ils 
font partie des meilleurs de leurs disciplines. 
 Toutes ces ressemblances
 ne les ont pas empêché d'être très différents, ce qui est finalement 
une bonne chose pour les lecteurs, même si Alain Chevallier n'a jamais pu 
briguer le statut de leader de la BD de course automobile tenu par son 
homologue. Droit d'aînesse... et magie de Jean Graton oblige !
  En
 effet, contrairement à Michel Vaillant, Alain Chevallier est un personnage moins policé, il
 y a même chez lui un côté mauvais garçon, au point qu'il se permettra 
même de mener le temps 
de quelques aventures une vie de bohème qui le conduira définitivement de 
l'autre côté de l'atlantique. Justement, c'est là où Chevallier se 
démarque encore plus de son aîné : à un moment donné, son 
personnage évolue! Il a le courage de prendre ses affaires et de se 
barrer au pays des cow-boys, acceptant de vivoter tel un vagabond, un 
mercenaire, tirant derrière la caravane sa monture de course. Eh oui, 
Alain est un solitaire, et en dehors d'un ou 2 amis, une fidèle secrétaire et de son oncle qui 
lui a "légué" la marque Fulgura, on ne lui connaît pas de relation 
stable. On est loin de l'idéal de la grande famille soudée, 
conservatrice et bourgeoise véhiculé par le clan Vaillant. 
  Même
 si le héros rebelle et solitaire est quand même plus proche de l'image 
du pilote de course dans l'inconscient collectif, cela ne contribua pas 
le moins du monde à rendre le personnage de Denayer & Duchâteau 
plus populaire que son "confrère", l'éternel Vaillant ! 
 D'ailleurs,
 des fois je me dis que les 2 personnages sont tellement 
complémentaires, qu'ils doivent être issus d'une séparation en deux d'un
 même archétype héroïque... pensez donc : "Chevallier Vaillant" ! 😁 
En tous cas, ce n'était pas facile de vivre dans l'ombre de Michel...
Cela pour ce qui est du fond. Quant au trait, le style très dynamique 
de Denayer contrastait avec le dessin lisse, propre, carré et de plus en plus 
précis de Graton, pour ne parler que de l'époque à partir de laquelle 
leurs personnages respectifs ont évolué en parallèle ( années 70,
jusqu'à 86 ). 
D'autres
 petits détails au niveau graphique permettaient de distinguer du 1er 
coup d'oeil ces 2 séries : Comme le Michel Vaillant des années 60, Alain
 Chevallier était souvent bronzé, alors que Michel ne supportait 
apparemment plus le soleil une fois passées sa période d'insouciance!
Les autres personnages de 
Denayer avaient aussi l'avantage d'être beaucoup moins figés, alors que chez Graton on avait l'impression, notamment à partir des années 70, d'avoir affaire à des clones de Michel pour la plupart. Le comble étant les traits presque tout aussi carrés des personnages féminins.
Côté
 voitures, les F1 Fulgura (nom de la marque de Chevallier) se 
distinguaient parfois par une bulle couvrant tout le cockpit, au mépris des 
règlements de la F1 (et pas que les Fulgura d'ailleurs! Au moins un des 
rivaux de Chevallier l'a copié sans que la FISA ne lève le petit doigt!
 Denayer aurait donc soudoyé la fédération?!... hélas, Jean-Marie Balestre,
 Gérard Crombac, Patrick Camus ou José Rosinski ne sont plus là pour nous livrer les 
secrets de cette affaire...😋). 
En tous cas les usines Vaillante ne se 
seraient jamais permis une telle entorse aux règlements!
Enfin,
 dernier signe distinctif de taille: Alain a bien fini par prendre sa 
retraite - discrètement - au bout d'une carrière encore plus éclectique 
et tout à fait respectable, avec ses hauts et ses bas, laissant les 
membres du clan Vaillant seuls dans leur monde parallèle, tel des 
highlanders, tentant de battre un autre record, mais en dehors des 
circuits cette fois-ci, record que seul leur contesterait la reine d'Angleterre 😁!
Vous
 noterez que le style de la Fulgura F1 de 1979 rappelle énormément la belle Wolf 
WR7 de la même année, et dans une moindre mesure, une certaine Kauhsen F1 (
 voir les photos ci-dessous ).
La fulgura
La Wolf WR7 ( une copie conforme d'une Fulgura de 1979. mais qui a copié l'autre ? là est la question... )
Et la Kauhsen qui n'a jamais pris officiellement le chemin des circuits sous cette forme encore plus radicale. 
Il
 est clair que pour traduire l'univers de la Formule 1 en planches, Denayer 
n'avait presque rien à envier au père de MV. Normal: c'était un 
collaborateur de Graton à ses débuts. 
Pour preuve, cette planche tirée d'un des albums d'Alain Chevallier...
Sauf
 que dans les albums de ce dernier, l'immersion dans l'univers du 
sport auto est rarement totale, l'intrigue policière demeurant souvent 
le moteur principal de ses aventures. 
Je
 tenais à mettre en ligne la couverture du dernier Alain Chevallier ( 
1986 ). Non seulement parce qu'elle est superbe, mais parce que c'est 
aussi l'album le plus abouti de toute la série, avec des dessins 
magnifiques, encore plus dynamiques que ceux de Graton, et une intrigue 
captivante qui n'a pas besoin de s'égarer loin de l'univers de la 
course. C'est même un de mes albums préférés de l'ensemble des 2 séries.
 Dommage qu'Alain Chevallier ce soit arrêté là, au sommet!









Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire