dimanche 15 janvier 2012

Sports mécaniques & dessins animés

  Tout autant que pour la BD et le cinéma, rares sont les dessins animés qui ont eu le courage d'aborder sérieusement le thème des sports mécaniques sous un angle réaliste. Cela se comprend, et les quelques tentatives qui se comptent sur les doigts d'une main, n'ont connu qu'un succès très relatif. 
Ci-dessous, j'ai réuni une sélection de quelques extraits de ces fictions quasiment toutes japonaises... évidement. On peut même trouver des épisodes entiers en ligne. Il ne sera bien-sûr pas question d'aventures fantaisistes genre "Ken falco", "Superauto Mach 5", "Supercar Gattiger" ou encore "Nascar Racers" ni même de séries plus récentes sur le street racing ou le drift, mais uniquement de productions inspirées de la vraie compétition automobile.

Mais avant, j'aimerais dire un mot au sujet du doublage : pour le reste du monde, les VO (puisqu'on parle d'anime, il s'agit donc des voix japonaises) peuvent nous sembler ridicules. Les acteurs surjouent si l'on peut dire. On dirait presque qu'ils lancent des cris de guerre quand il s'agit juste de hausser un peu le ton. C'est à la limite du comique. Certes, ça passe pour un production du genre Goldorak. Mais quand il s'agit de sport, ça a l'air un peu exagéré...
Cela dit, j'ai eu l'occasion de visionner quelques passages de dessins animés japonais en plusieurs langues même si je ne les comprend pas toutes (y compris des classiques tels que Goldorak, "l'île au trésor" etc...), notamment en italien, français, arabe, grec, russe, finlandais, anglais ou espagnol (d'Amérique latine et d'Espagne), le plus souvent de très courts extraits, et pour certains, tous les épisodes. Je peux affirmer - même si cela reste subjectif - qu'au niveau des voix (donc je ne parle pas de traduction), les versions italienne et arabe (libanaise précisément) sont les plus appropriées aux DA japonais. L'émotion y est présente, sans l'excès pathétique caractéristique des VO, et on a vraiment l'impression que les "acteurs" prennent à cœur leur rôles, ce qui n'est hélas pas toujours le cas pour certaines versions, où le ton léger et infantilisant n'est pas forcément le bienvenu. 
J'ai noté par exemple ce défaut désagréable dans la version française de "GRAND PRIX" ("Emblem arrow no taka" en VO). Ce qui ne veut pas dire que c'est toujours le cas pour les VF, j'en veux pour preuve des réussites telles que "Ulysse 31", "L'île au trésor", "Les mondes engloutis" ou encore "Il était une fois l'espace", pour ne citer que quelques uns. 
Par contre, pour ceux qui ont la chance d'avoir visionné "Goldorak" en arabe doublé par les libanais, la VF souffre un peu de la comparaison, même pour ceux qui ne comprennent pas un mot de cette langue! le charisme des voix libanaises y est pour beaucoup.
 


  Quant au niveau de la traduction, pour ne parler que des anime qui nous intéressent, il n'y a pas photo, à en juger d'après "Grand prix", la seule des séries sur les sports mécaniques que j'ai eu l'occasion de comparer en plusieurs langues ("Grand prix e il campionissimo" en italien, "Emblem arrow no taka" en VO...), les version italienne et hispaniques arrivent en tête devant la VF. Quant à la version arabe, malgré le charisme des voix, souffre d'une traduction parfois plus qu'approximative, notamment lorsqu'il s'agit de parler de technique, ou d'utiliser des termes propres à la course. Ce qui est impardonnable puisque la partie didactique constituait un des attraits majeurs de "Grand prix". 
 
Pour ce qui est de la partie musique, on avait tendance en France et aussi aux US à remplacer les génériques par des chansons purement locales. Je ne parle pas de traduire les paroles de la chanson, mais de mettre ses propres paroles sur une musique totalement originale qui évidemment, n'égalait jamais celle de la VO. Le plus choquant c'est quand je suis tombé sur les bande son de "Grand Prix" doublés en Amérique du sud, et en anglais. Là c'est carrément toute la superbe musique de Yasushi Miyazawa qui a été remplacée. Je veux dire, pas qu'au générique, mais toute la bande son originale, la musique d'ambiance !! Quand on connaît l'importance de cette composante dans l'attrait d'une production du genre, c'est extrêmement décevant.  

  Je vous laisse donc profiter de quelques extraits ou génériques.

Motori in pista

  Pour commencer, un manga dont je n'ai trouvé que les versions doublées en arabe, et bien-sûr en italien comme c'est souvent le cas. Il y est question de formules de promotion, genre F3, F. Ford, F. Nippon (la F2 japonaise) ce qui diffère un peu des autres fictions automobile qui tournent le plus souvent autour des formules reines, et des grandes courses... mais ce n'est pas la seule chose qui change dans le genre! le style  complétement déluré de ce dessin animé et la qualité artistique laissent facilement deviner qu'il date de la fin des années 80, lorsque les productions nippones abusaient d'un certain humour... comment dire... japonais ! Pourtant, le générique ne le laisse pas penser.
  Les dessins des voitures, notamment certains détails techniques ( y compris parfois les entrailles des moteurs et des boîte! ), sont assez bien reproduits, y compris du point de vue animation, même si ça reste inégal d'une séquence à l'autre ( une constance du manga ). Hélas, l'extrême légèreté du ton, qui arrive parfois sans prévenir, gâche le plaisir. J'aurai aimé voir une telle qualité de travail technique au service de "Grand prix" par exemple. On sait que les animes ont connu une nette amélioration technique à partir des années 80, mais les scénarios ont suivi pour la plupart le chemin inverse...
 
 
 
 Jugez-en vous même du contraste entre la qualité technique ou le réalisme des scènes de piste et les scènes déjantées qui surgissent d'on ne sait où... plutôt déroutant.



A tutto gas
 Un autre anime que je n'ai trouvé qu'en italien (encore !). 
Alors, autant le dire tout de suite, ce manga n'est pas du tout un truc de puristes. On y voit de tout et de n'importe quoi en matière de courses (dragsters, cannonballs, défis sur route ouverte...), le seul point commun apparent est qu'on y utilise invariablement des voitures de production et des protos. Je n'ai pas vu de monoplaces en tous cas. 
 La qualité artistique laisse à désirer pour un anime du milieu des années 80, la seule caractéristique qu'il ait en commun avec les mangas de cette décennie est le côté loufoque qui fait qu'au delà d'un certain âge, on ait du mal à accrocher. Si je l'ai mis quand même dans cette sélection, c'est que par certains aspects, il y a un soucis de réalisme, mais qui ne va jamais bien loin.






Michel Vaillant
   Une erreur monumentale de Jean Graton que d'avoir cédé les droits de sa création à ces studios. le résultat est dans la plus pure tradition TV américaine. Un dessin et une animation minimalistes et patauds, des dessins plats, carrés, fades, des couleurs délavées, et des intrigues ridicules. Le sport auto y est dépeint sous un aspect plus proche des vieux films de série B sur la course, avec leurs histoires répétitives de sabotages minables, d'espionnage... D'autre part, c'est limite SF ou futuriste. En tous cas l'adaptation est tellement éloignée de l'esprit de la BD originale. On n'a pas l'impression d'avoir affaire aux personnages qui nous sont familiers, et surtout, les aventures n'ont plus pour cadre le monde réel du sport automobile. D'ailleurs, même Graton le reconnaît. C'était une bourde... mais juteuse 😉.
Je n'ai pas trouvé d'extraits en français sur le web, excepté le générique, mais quelques épisodes de la version américaine sont disponibles.



Ah !... un autre détail relatif à la version US ! Michel s'est non seulement vu offrir la green card, mais aussi la nationalité américaine ! Le comble c'est qu'il a en plus américanisé son nom en "Maykeule valiante" (hum... je voulais dire Michael Valiant) et renié ses origines au point que, quand il gagne, c'est l'hymne américain qui est joué!... Le traitre! C'est Steve qui devait être content...
(adieu "l'exception culturelle" ! Certains diront que c'est le prix à payer pour s'exporter, un peu comme dévaluer sa monnaie quoi ! n'est-il pas ?...)

Détail important qui illustre à merveille l'esprit mercantile américain : le nom de la série telle que diffusée sur les chaînes US est "Heroes on Hot Wheels". Vous remarquerez aisément au générique le logo de la fameuse marque de miniatures pour enfants "Hot Wheels" qui "sponsorisent" manifestement le DA. C'est plutôt carrément une pub pour leurs produits. Une bonne affaire du point de vue $$$ certes, mais à quel prix !




Capeta
C'est la production la plus récente de cette liste. L'excellente qualité artistique et technique en témoignent. Contrairement aux animes précédents, le scénario plaira aux passionnés purs et durs, même si c'est difficile pour un ado ou un adulte de s'identifier à un pilote de karts de 10 ans. Mais il suffit de patienter quelques épisodes pour retrouver le jeune Capeta, avec quelques années en plus, au volant de formules de promotion, toujours aussi
appliqué, calme et ambitieux, prenant sa passion toujours autant à cœur, parfois même un peu trop (eh oui, c'est le Japon !).

Le seul défaut que j'ai trouvé à cette œuvre, ce sont les longueurs inutiles et soporifiques de nombreuses séquences (y compris celles de course), qui viennent meubler un scénario exclusivement focalisé sur les soucis terre à terre d'un jeune pilote de course moderne, à savoir: perfectionner son pilotage, gagner des compétitions, trouver des sponsors, et viser la Formule 1. La mentalité carriériste de certains parents de jeunes pilotes est bien mise en évidence. C'est sûr, on est bien dans les années 2000! 

En termes didactiques, Capeta est le dessin animé le plus abouti sur le sport automobile. Le plus réaliste aussi. Sûr qu'il a suscité, et suscitera encore, des vocations!



la suite dans le prochain post, que je consacrerai exclusivement à la référence du genre : "Grand prix" ( Arrow eblem no taka )...



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